Salade de saucisses garnie – Contribution d’invité de Dr. Hans Balmer

C’est la campagne électorale et les politiciens de tous bords se disputent les faveurs des électeurs. Il n’est donc pas étonnant que des idées naissent au fil de l’eau. Le secteur de la santé s’y prête à merveille. Et cette année, les penseurs se bousculent au portillon.

La directrice de la santé zurichoise, Natalie Rickli, a récemment fait les gros titres avec sa proposition de remettre en question l’obligation de l’assurance de base. Plus récemment, son collègue bernois Pierre Alain Schnegg et le président du conseil d’administration de l’Hôpital de l’Île, le professeur Bernhard Pulver, se sont également prononcés en faveur d’une modulation des primes d’assurance de base en fonction du revenu. Ces deux propositions sont incroyables et extrêmement surprenantes, car elles remettent en cause un principe de solidarité, de clarté et de simplicité qui a fait ses preuves depuis des décennies.

Ces fleurs de style de la « cervelle » gouvernementale méritent d’être examinées de plus près, car il s’agit de bien plus que les deux propositions mentionnées. Elles s’inscrivent en effet malencontreusement dans toute une série d’interventions et de déclarations d’intention singulières. Bien sûr, notre système de santé est devenu cher et bien sûr, les primes de l’assurance de base pèsent déjà considérablement sur le porte-monnaie des personnes à faibles revenus ou des familles nombreuses. Mais cela ne signifie pas pour autant qu’il faille jeter aux orties ce qui a fait ses preuves dans la recherche de solutions. Il faut au contraire s’efforcer de mettre sur la table de l’Assemblée des éléments effectivement durables.

Et ce n’est pas fini. Aujourd’hui déjà, les tarifs et les coûts des fournisseurs de prestations divergent à vue d’œil, deux tiers des hôpitaux publics n’atteignent plus les recettes nécessaires pour financer solidement les nouveaux investissements et les remplacements. Les subventions, souvent « déguisées » en prestations d’intérêt général, et les injections financières, comme récemment dans le canton d’Argovie, prolifèrent dans le paysage. Or, des tarifs médiocres sont tout d’abord un affront pour les nombreux professionnels de la santé qui travaillent avec un grand engagement. Deuxièmement, la transparence en souffre énormément, car il devient de plus en plus opaque et difficile de savoir de quelles sources d’argent proviennent réellement les rémunérations et les subventions. Si, en plus, l’injection de fonds dans le canton d’Argovie est en contradiction flagrante avec un avoir juridique de l’université de Lucerne, c’est-à-dire qu’elle a été décidée en toute illégalité, cela devient plus qu’étrange. Les cantons ne peuvent pas passer outre les normes légales, sinon leurs représentants perdent toute crédibilité. Ils agissent alors comme Adam, le juge de village de Kleist, qui doit répondre de la cruche cassée, mais qui tente de dissimuler son propre méfait.

Mais si l’on mélange politique de la santé et politique des revenus, on crée une confusion malheureuse. Les prestations de qualité irréprochable ont droit à une rémunération équitable et uniforme. Un kilo de pain chez le boulanger du village ne coûte pas plus ou moins cher selon le porte-monnaie. C’est une chose. L’autre chose est une aide efficace et non bureaucratique pour les personnes socialement défavorisées. Ce n’est rien de plus que de la décence. Les décideurs cantonaux feraient donc bien de revoir les prestations d’intérêt général, qui ne sont pas toujours très pures, et de ne plus accorder d’aides financières illégales. Une grande responsabilité pèse sur leurs épaules. Réfléchir à des solutions durables serait donc un bienfait pour les contribuables et les électeurs. Les conseillères et conseillers d’Etat, les membres des parlements cantonaux et les autres protagonistes auraient tout intérêt à se profiler comme des personnalités clairvoyantes au lieu de s’exposer au risque de se voir infliger un carton rouge pour des propositions douteuses ou des jongleries financières maladroites.

Hans Balmber
Hans Balmer

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